La tribune de Sylvain Bonnet – 22 juin 2020
« Chacun a le pouvoir et la responsabilité de faire basculer notre modèle alimentaire vers plus de respect de la planète et de ses habitants »
La crise sanitaire a accéléré les failles de nos écosystèmes naturels et humains : elle a révélé la profonde interdépendance dans laquelle vivent les personnes et la nature, et l’obsolescence de nos modèles économiques et sociaux. La reprise, dans laquelle les entreprises joueront un grand rôle aux côtés des pouvoirs publics et de la société civile, passe par une réinvention de nos façons de vivre, de travailler, de consommer.
Un sujet cristallise l’ensemble des problématiques soulevées par la relance : celui de l’alimentation. Elle est à la croisée des enjeux démographiques, écologiques, sanitaires, souverains et socio-économiques. Comment, d’ici à 2050, nourrir, de façon saine, sûre et équitable, dix milliards d’êtres humains sur une planète à bout de souffle ? Le modèle que nous connaissons depuis plus d’un siècle n’est plus tenable. Il doit être réinventé d’urgence.
Les terres cultivables, épuisées par la monoculture et les productions intensives, sont dédiées aux deux tiers à l’alimentation animale — avec une forte déperdition en termes de « rendement » alimentaire. Déforestation, dégradation des habitats naturels, asphyxie des sols : l’impact est colossal, en termes de bouleversement des écosystèmes, de réchauffement climatique, d’érosion de la biodiversité. Il faudrait deux planètes pour nourrir la population mondiale selon les habitudes occidentales — sans compter qu’il demeure des inégalités insoutenables.
La santé humaine, également, souffre : les aliments consommés sont de plus en plus pauvres en nutriments. Avec la junkfood et la surconsommation, l’OMS table en 2030 sur 3,5 milliards de personnes en surpoids et près de 500 millions atteintes de diabètes.
« L’Agenda 2030 des Nations unies nous montre le chemin, avec trois objectifs de développement durable liés à l’alimentation : faim zéro, bonne santé et bien-être, consommation et production responsables »
Acte citoyen. Nous n’avons ni d’autre planète, ni d’autre santé. Pour sortir de cette impasse, il est impératif d’engager une transition alimentaire aussi capitale que la transition énergétique. A ce titre, on ne peut pas tout attendre « d’en haut » — d’un Etat, de la Politique agricole commune, ou des grands groupes de la distribution et de l’agroalimentaire. Comme y encourage le président de la République, nous devons tous nous mobiliser pour que le monde d’après corrige les faiblesses du monde d’avant.
Chacun a le pouvoir et la responsabilité de faire basculer notre modèle alimentaire vers plus de respect de la planète et de ses habitants. La pandémie a aussi accéléré l’empowerment des citoyens-consommateurs : nous avons pu mesurer avec les gestes barrières, combien nos comportements individuels pouvaient protéger la santé de tous. Il en va de même pour l’alimentation, véritable acte citoyen. Sa réinvention suppose au quotidien une consommation plus raisonnable — sourcing des produits, circuits courts, filières bio et raisonnées, saisonnalité et surtout consommation plus modérée des produits d’origine animale. Elle peut aussi passer par la smartfood, telle que la défend en pionnier NL International.
Après l’épreuve du Covid-19, la révolution alimentaire est plus que jamais possible. L’Agenda 2030 des Nations unies nous montre le chemin, avec trois objectifs de développement durable liés à l’alimentation : faim zéro, bonne santé et bien-être, consommation et production responsables. C’est ensemble que nous pourrons les atteindre.
Sylvain Bonnet est président fondateur de NL International et auteur de livres sur l’équilibre alimentaire (« Le bien-être au cœur de votre vie », « Vivre mince, mieux, plus longtemps : le guide pratique de ma santé plus durable »).