« On est le premier acteur de notre santé »
Anthony Berthou, nutritionniste invité de l’association des diabétiques de la Vienne le 23 novembre prochain pour une conférence sur le sujet, n’hésite pas une seconde à les associer. Même s’il reconnaît qu’il existe une certaine cacophonie nutritionnelle qui empêche aujourd’hui le grand public de discerner clairement le vrai du faux en matière de bienfaits de l’alimentation pour la santé. Aussi, nous lui avons proposé une interview fake news pour éclairer le sujet.
Question : On dit que le sucre est un poison pour la santé, vrai ou faux ?
Anthony Berthou : « Rien n’est un poison, tout est question de quantité et d’équilibre alimentaire global. En matière de sucre, le problème vient surtout de sa surconsommation via les produits transformés et notamment de la présence dans certains d’entre eux de sirop de fructose. De manière générale, il faut éviter les sucres cachés. Si vous consommez un fruit, il a une saveur sucrée mais vous apportera de nombreux autres nutriments, ce n’est pas qu’un concentré de sucre, à la différence d’un verre de soda par exemple. En excès, le sucre est responsable de nombreuses pathologies métaboliques comme l’obésité, le diabète ou encore les risques cardiovasculaires. »
Question : Sans gluten, c’est bon pour tout le monde, vrai ou faux ?
« Tout le monde n’a pas besoin de manger sans gluten. Mais c’est vrai, il y a du gluten caché dans les produits transformés et certains peuvent mal y réagir en fonction de leur génétique. Dans ce cas, mieux vaut consulter un professionnel pour savoir quelle est la meilleure alimentation à adopter. Sinon, pour réduire sa consommation de gluten, il faut aller vers les produits bruts à base de petit épeautre par exemple plutôt qu’à base de froment, préférer du pain au levain à fermentation lente, consommer des aliments sans gluten (riz, patate douce, sarrasin, quinoa, légumineuses, etc.). En fait, il n’est pas nécessaire de le supprimer pour tout le monde, mais comme nous y sommes très exposés, le réduire est une bonne chose au regard des dernières données scientifiques. »
Question : On nous dit qu’il faut arrêter de manger de la viande, que c’est mauvais pour la santé. Vrai ou faux ?
« Il ne faut pas forcément arrêter, mais réduire la part des ruminants au profit de la volaille et du poisson (selon certaines conditions d’élevage) est une première étape. Il faut avoir à l’esprit que l’élevage des ruminants est responsable de plus 70% des gaz à effet de serre d’origine alimentaire, l’impact sur l’environnement est réel. Pour la santé individuelle, on sait que la viande produit des graisses favorisant l’inflammation, même si la nature de ces dernières diffère en fonction du type d’élevage. »
Question : Le jeûne est bon pour le corps. Vrai ou faux ?
« Si on parle d’un jeûne thérapeutique réalisé sur plusieurs jours, il faut être encadré dans les premiers temps. Avec un jeûne intermittent de 16 heures toutes les 24 heures ou d’une à deux journées non consécutives par semaine par exemple, de récentes études tendent à démontrer un effet bénéfique sur l’obésité, le diabète et l’inflammation chronique… Dès lors que les repas sont équilibrés par ailleurs. »
Question : Cinq fruits et légumes par jour, c’est d’abord un concept marketing. Vrai ou faux ?
« Non, c’est un vrai plus pour chacun. Manger 500 ou 600 g de fruits et légumes par jour c’est déjà très bien pour le corps, l’idéal étant entre 800 g et 1 kg. Et il faut faire la part belle aux produits de saison, bio, aux circuits courts… »
Question : L’alimentation a un rôle dans la prévention de certaines maladies. Vrai ou faux ?
« Je confirme à 300%. L’alimentation doit être le premier « médicament » de chacun, ou plus exactement le moyen pour éviter d’avoir recours à la médication grâce à une prévention optimale de la santé. Pour l’obésité, le diabète, la sclérose en plaques, le cancer, Parkinson, Alzheimer… on sait que l’alimentation et le mode de vie ont un impact fort à travers une notion que l’on appelle l’épigénétique. Il faut bien comprendre qu’on est le premier acteur de notre santé, on a beaucoup de leviers entre nos mains. Globalement, on peut dire que pour reprendre sa santé en main, il faut sortir du modèle agroalimentaire, refaire la cuisine soi-même, consommer des produits bruts, locaux, bio et écarter au maximum les produits transformés. »