Les rythmes internes de notre corps
Bien manger et bien bouger ne suffisent pas. Notre vie sur terre est conditionnée certes par notre environnement mais aussi par la lumière du soleil. Les alternances jour et nuit règlent nos cycles de veille et de sommeil, une fonction essentielle au bon fonctionnement de notre organisme.
Notre horloge interne ou la symphonie des rythmes
C’est le préalable pour éviter toute cacophonie, celle-là même que nous percevons lors d’un décalage horaire à l’occasion d’un voyage lointain. Notre corps réagit à ce décalage comparable à celui des personnes qui travaillent de nuit ou en horaire décalés.
Or, nos vies de plus en plus rapides et exigeantes ont tendances à gommer ces rythmes naturels essentiels à notre bonne santé. La course contre la montre a remplacé la course du soleil. De nouveaux rythmes sociaux, professionnels et personnels s’imposent à nous. Les écrans lumineux accaparent notre attention. C’est la porte ouverte aux déséquilibres et aux maladies liées au stress. Ce stress qui en résulte traduit notre difficulté à nous adapter à ces écarts entre les besoins physiologiques et les multiples obligations de la vie quotidienne. En conséquence, le manque de sommeil entraine un mauvais contrôle de notre faim et de notre satiété pouvant aller jusqu’à l’obésité. En revanche, un meilleur respect de ces rythmes biologiques apporte sérénité et équilibre dans notre quotidien.
Notre horloge interne biologique est calée sur le cycle circadien (jour-nuit) mais également sur celui de la lune avec ses cycles de 28 jours et le cycle immuable des saisons. Une petite glande située dans notre cerveau qui sécrète l’hormone mélatonine nous permet la perception et la synchronisation entre tous ces rythmes de la nature et ceux de notre milieu intérieur. Rien n’a changé depuis l’homme de Cro-Magnon avec qui nous partageons les mêmes gènes et la même physiologie, nous sommes toujours connectés à tous ces cycles naturels. Notre horloge interne gère également notre température qui augmente le soir, le cycle menstruel de la femme, notre rythme cardiaque et respiratoire, les variations électriques de notre cerveau, les sécrétions hormonales, nos performances sportives ou intellectuelles. Notre épanouissement passe par la bonne synchronisation de tous ces rythmes sinon nous nous sentons en décalage, déphasés. En hiver, lorsque la lumière diminue, on parle de ‘dépression saisonnière’ chez certaines personnes sensible à la lumière. D’ailleurs, il existe un traitement la luminothérapie qui consiste à administrer des flux lumineux dans le but de traiter des pathologies dépressives en rapport avec ces décalages.
Nous pouvons facilement mesurer notre rythme respiratoire en comptant la fréquence respiratoire sur une minute, soit environ 20 mouvements. Chacun a sa fréquence qui lui est propre. Pour le rythme cardiaque, au niveau de notre poignet ou du cou, nous pouvons compter le nombre de nos battements appelés pulsations sur une minute. On s’aperçoit que ce rythme augmente rapidement à l’effort et pendant un exercice physique. L’intérêt de ces rythmes respiratoires et cardiaques est d’apporter rapidement l’oxygène dont le corps a besoin, en particulier dans les muscles et dans le cerveau. Avoir une bonne connaissance de ces mesures permet de trouver le bon niveau d’entrainement pour notre organisme, en rapport avec ses possibilités et de suivre ensuite les progrès accomplis. Par exemple, la pratique régulière de l’activité physique va faire baisser le rythme cardiaque au repos, facteur de santé et longévité. C’est bon de savoir que nous pouvons activement agir sur notre santé.
Le sommeil et ses rythmes
Les rythmes du cerveau sont plus rapides et varient en fonction de l’attention. Le cerveau alterne entre 4 ou 5 phases de sommeil léger et profond suivant un cycle de de 90 minutes, suivi par une phase de rêve dans le meilleur des cas. Tous ces rythmes se ralentissent durant le sommeil. La phase de rêve appelé sommeil paradoxal est indispensable à la survie. Le sommeil est alors très profond, le corps est relâché et pourtant l’activité cérébrale est intense. Seuls les muscles des yeux bougent suivant les images de notre rêve. Cette phase de rêve consolide la mémoire spatiale. Dormir pour apprendre ou consolider ses souvenirs est donc une fonction essentielle et reconnue du sommeil et du rêve. Rêver signe la qualité de notre sommeil.
Or, les rêves disparaissent pendant les périodes de stress pour réapparaitre quand nous allons mieux. Pour autant, nous ne savons toujours pas pourquoi nous rêvons.
Il parait donc essentiel de respecter le moment précieux où nos yeux picotent lorsque passe ‘le marchand de sable’. Passé la survenue de l’endormissement demandé par le corps, il nous faut attendre le cycle suivant, soit 90 minutes après. Nous comprenons que garder les yeux fixés sur l’ordinateur, la télévision ou tout autre écran qui envahissent notre environnement quotidien a des conséquences néfastes sur notre sommeil, le contrôle de l’appétit, la qualité de notre attention qui se transforme en somnolence le jour d’après. Donc, stimuler notre cerveau au moment du coucher n’est pas souhaitable car cela masque la perception de la survenue de l’endormissement.
La bonne gestion du sommeil
Dans notre cerveau, l’hypothalamus contrôle le rythme circadien. Quand la nuit tombe, les yeux envoient un signal à l’hypothalamus qu’il est temps de se sentir fatigué. Le cerveau, à son tour, envoie un signal au corps pour libérer la sécrétion de mélatonine (molécule de signal du sommeil), ce qui fatigue le corps. C’est pourquoi il est si difficile pour les travailleurs nocturnes de dormir pendant la journée et de rester éveillés la nuit.
Bien dormir, c’est protéger sa santé et renforcer son système immunitaire. Selon une étude britannique, les couche-tard vivent moins longtemps que les couche-tôt. Il en va de même pour ceux qui dorment moins de 5 heures par nuit par rapport à ceux qui dorment environ 7 heures ou plus. Comme le cycle veille-sommeil dure 24 heures, instituer autant que possible une routine avec une heure de lever et de coucher à une heure qui correspond à nos besoins physiologiques assure une régularité dans ces cycles. Tout le monde n’a pas les mêmes besoins de sommeil. On constate que le rythme circadien fonctionne mieux lorsque les habitudes de sommeil sont régulières.
Faire fonctionner sa mémoire et apprendre quelque chose juste avant de se coucher est une bonne idée. Le cerveau encode mieux les informations. Ainsi, le sommeil permet d’ancrer ce que l’on souhaite mémoriser. La sieste courte décriée par certains est maintenant conseillée dans les entreprises pour ses qualités sur la concentration et la performance au travail.
Un bon sommeil procure une sensation de bien-être et un bon réveil. Manquer de sommeil perturbe notre façon d’être et nous rend plus vulnérable. Des chercheurs ont remarqué que les sujets fatigués et somnolent dans la journée perdent leur capacité à positiver et ne perçoivent plus les signaux agréable de la vie. Cet état de tristesse passagère évolue vers un état dépressif. De plus, c’est dans ce déficit de sommeil que l’on remarque le mieux nos phases de somnolence et de vigilance.
L’activité physique, type promenade digestive après le repas, n’est pas recommandée car le tube digestif monopolise le sang nécessaire à la digestion et ne peut donc pas le distribuer aux muscles en même temps.
Qui dors dine !
Nous pensons à tort que notre métabolisme ralentit en dormant. Pas du tout, il n’arrête jamais de fonctionner au même rythme. Le sommeil joue un rôle central entre le bien-bouger et le bien-manger. Bien bouger va favoriser un bon sommeil et un bon sommeil va favoriser une bonne régulation de l’appétit le lendemain et de la satiété par l’action de deux hormones : la leptine et la ghréline. Le sommeil fait donc partie intégrante de notre journée.
Le cerveau, la musique et les rythmes
Le ‘cerveau musicien’ favorise la plasticité cérébrale. Cet effet est à rapprocher de la mémoire par le biais de la création de nouveaux neurones situés dans l’hippocampe. Ainsi, la musique protège le cerveau tout en consolidant l’apprentissage et la mémoire. La pratique de la musique retarde les troubles de la mémoire. Le rythme musical favorise la connectivité rapide entre les fonctions auditives et les régions motrices harmonisant les exécutions de groupe. Cette constatation semble impliquer notre horloge interne, tout comme la modification de nos rythmes respiratoire et cardiaque.