Les six conseils de la Ligue des Optimistes
La France fait partie des pays les plus favorisés du globe, son taux de fécondité est l’un des plus élevés d’Europe, tout comme son taux de création d’entreprise. Et, pourtant, ses habitants figurent parmi les plus pessimistes au monde.
C’est un peu pour combattre cette négative attitude que s’est créée en 2011 la Ligue des optimistes. Forte de près de 25.000 adhérents, l’association à but non lucratif multiplie les conférences et soirées thématiques au cours desquelles elle distille des conseils.
Eriger ce qui va bien en priorité
Voir la moitié du verre vide plutôt que la pleine, un défaut couramment
répandu. Et pour cause. « Notre cerveau a naturellement un biais de négativité,
explique Yves de Montbron,
consultant et secrétaire de la Ligue des Optimistes. C’est-à-dire que l’on
retient plus facilement ce qui ne fonctionne pas. On est beaucoup plus sensible
aux mauvaises nouvelles qu’aux bonnes. » Pourtant, si on cherche des raisons de
célébrer sa journée, « on en trouve aussi ». Il faut donc placer en priorité
les instants et événements sources de satisfaction. Surtout à l’heure de faire
des choix. « C’est comme cela qu’on évite de passer à côté des opportunités »,
insiste Yves de Montbron.
S’efforcer d’être bienveillant
S’intéresser aux autres, encourager son entourage, le féliciter, aide à prendre
la vie du bon côté. « Quand on est bienveillant, on fait du bien à son
interlocuteur mais aussi à soi-même, rappelle Christophe Tricart,
formateur et intervenant pour la Ligue des Optimistes. Accorder du temps aux
autres oblige à ne pas rester centré sur soi, à faire abstraction de ses
problèmes. On diffuse du positif. » Parfois, il suffit de pas grand-chose :
entamer quelques mots de conversation le matin plutôt qu’un bonjour
impersonnel, lever le nez de son portable quand on discute… A l’inverse,
attention aux sollicitations des personnes trop négatives, voire toxiques. « Il
faut savoir se préserver et espacer les contacts », estime Yves de Montbron.
Faire preuve d’humour
L’humour favorise les relations positives, aide à faire passer des messages,
débloque même des conflits. « Il faut se lancer et lâcher prise, c’est comme ça
que la créativité se diffuse », assure Christophe Tricart, spécialiste de
l’humour au travail. Pour ceux qui se sentent peu à l’aise, quelques techniques
s’avèrent utiles, comme « l’exagération ou la répétition ». Mais attention,
avoir de l’humour ne signifie pas « distribuer des blagues à tout va ». « C’est
plutôt utiliser des répliques au bon moment, avec parcimonie, précise
Christophe Tricart. L’humour ne doit pas dépasser 10 % à 15 % de ses prises de
parole. Passer pour le clown de service, ce serait contre productif. »
Entraîner son mental avec des exercices
L’optimisme, ça se travaille. « C’est un peu comme des muscles qu’on entraîne
pour faire du sport. Voir les choses du bon côté, c’est une discipline
personnelle qu’il faut répéter. » Ça passe par prendre soin de son corps et
soumettre son cerveau à quelques exercices réguliers. « Par exemple, noter à la
fin de sa journée trois réussites ou trois moments de bonheur. Ça peut être un
compliment, un moment passé avec son enfant, une tâche accomplie, un fou rire…
L’écrire oblige à conscientiser ce qui a été positif et à lui donner une
réalité. Et si le dimanche on relit tous nos écrits, on se rend compte qu’on a
finalement passé une bonne semaine. »
Ne pas oublier que l’on peut toujours rebondir
Même quand ça va très mal (deuil, séparation amoureuse, échec professionnel…),
l’être humain a la ressource vitale pour rebondir. « On connaît tous des gens
qui ont divorcé, qui ont perdu leur emploi, et qui sont plus heureux
aujourd’hui. Il ne faut jamais perdre de vue que, quelle que soit la
difficulté, le malheur n’est pas figé et l’avenir peut réserver plein de bonnes
surprises. » Yves de Montbron cite l’exemple de Philippe Croizon,
amputé des bras et jambes, aujourd’hui conférencier. « Bien sûr que sa vie
n’est pas facile. Mais il réalise aujourd’hui des exploits sportifs incroyables
et fait des rencontres exceptionnelles. Il dit lui-même qu’il ne reviendrait
pas en arrière. »
Diminuer sa consommation de médias
La plupart des médias préfèrent encore les trains qui arrivent en retard à ceux qui arrivent à l’heure. « A la télévision, à la radio, dans les journaux, les informations sont particulièrement négatives. Jour après jour, les catastrophes et mauvaises nouvelles s’accumulent. Il n’y a pas suffisamment de contenu sur ce qui marche bien, sur les réussites », reproche Yves de Montbron. Pour repousser le spleen et encourager l’enthousiasme, il conseille donc une « diète médiatique ». Même chose pour les réseaux sociaux, friands de bad news et autres théories du complot. « Il ne s’agit pas de s’isoler. Mais au moins éviter la surdose. » A l’inverse, il recommande des lectures de récits ayant une conclusion positive.
Frédéric Brenon