On n’entend jamais dire » J’ai mal à mes fascias » !
Les fascias ne sont pas un nouvel organe dans notre corps mais les médecins commencent à s’intéresser aux fascias. C’est un tissu qui enveloppe tous nos organes tel une toile d’araignée qui connecte et unit toutes les parties du corps mais on ne parle pas d’un organe en soi. Unifiant toutes les parties du corps, ils représentent » l’organe » de la globalité du corps ce qui fait que notre corps est un tout qui fonctionne harmonieusement.
Cet ensemble de tissu disséminés partout dans le corps autour de nos muscles de nos os etc…sont doués d’élasticité et de sensibilité et participe à notre équilibre autant physique que mental.
Pendant des décennies ce tissu a été exclu de la science parce qu’on ne s’intéressait qu’aux organes après avoir retiré ces enveloppes fasciales qui les maintenaient en place. Aujourd’hui, on s’interroge sur sa fonction, a quoi sert-il ? La science commence à découvrir les secrets des fascias et certains scientifiques disent un peu vite que l’on a découvert un organe.
Force autorégulatrice du corps : le mouvement interne
La fasciathérapie s’adresse à la globalité du corps. Le fascia est le lieu où s’organise la maladie. La fasciathérapie est le prolongement de l’ostéopathie. Dans son approche thérapeutique, l’ostéopathe agit de l’extérieur et fait « craquer » les articulations pour corriger une lésion organique et lever le blocage ? Alors que le fasciathérapeute ne manipule pas mais crée les conditions à l’intérieur du corps pour que celui-ci, sous l’effet du toucher, trouve sa propre réponse. On parle de force interne, de force autorégulatrice car le corps est capable de s’autoréguler. La main du thérapeute crée des points d’appui dans le corps pour que ce dernier trouve des réponses à ces points d’appui et se régule de lui-même. La réponse vient de l’intérieur et elle n’est pas imposée par la main du praticien. La fasciathérapie s’inscrit dans la continuité de l’ostéopathie.
Approche thérapeutique manuelle et gestuelle de la fasciathérapie
Les fascias englobent tout le corps car constitués en réseau et on peut donc poser les mains partout sur le corps pour avoir une action. De ce fait, quand on a un problème organique dans un endroit du corps, il est très peu probable que le problème vienne de cet endroit-là sauf s’il y a un traumatisme connu. La plupart du temps, les gens viennent avec une histoire, un parcours de vie. Par exemple, on a mal au dos, mais en réalité ce problème est réparti dans l’ensemble des fascias. Le fasciathérapeute va rechercher à repérer et à lever toutes les contraintes à distance du problème. Le toucher est très agréable car très doux. Les traitements n’ont pas toujours vocation à guérir mais parfois à améliorer la qualité de vie face à des problèmes chroniques. Il est nécessaire dans ces cas de suivre des soins réguliers pour obtenir un bénéfice stable.
Il est possible également de proposer des mouvements, des exercices qui reproduisent le travail des mains du thérapeute dans le corps. Ce sont des exercices lents où on apprend à ressentir le corps, mettre en mouvement ces fascias en douceur pour maintenir dans le temps quand on a des activités quotidiennes, quand on est stressé, de pouvoir maintenir un état d’harmonie des fascias et de lutter contre ces troubles qui envahissent le quotidien.
Déroulement d’une séance type de fasciathérapie
La phase de traitement des lésions organiques est simultanée avec la phase de repérage et d’évaluation des problèmes à traiter.
Souvent les patients viennent avec leur histoire et un parcours médical de santé compliquée, la fasciathérapie ne se substitue pas au diagnostic médical. Les personnes s’allongent sur la table et reste habillés, les vêtements ne constituant pas une barrière à la perception de la main du thérapeute. Il évalue manuellement les zones de tension dans le corps qui ont la particularité d’être immobiles, l’objectif du thérapeute est de retrouver la mobilité physiologique de ces structures immobilisées par les tensions fasciales. En fonction de la réponse du corps au fur et à mesure de l’amélioration du relâchement des fascias, il va déplacer ses mains sur les différentes zones du corps où les perceptions des tensions fasciales sont repérées. Au départ, on regarde en priorité la zone douloureuse initiale mais on est amené à avoir une vision plus globale du problème car toutes les parties du corps sont connectées en réseau et donc concernées plus ou moins par le problème douloureux.
Pourquoi les structures fasciales se rigidifient ?
Parce qu’elles sont soumises à un stress qui peut être un traumatisme, une entorse, une fracture, une intervention chirurgicale, le stress quotidien de la vie et ses impacts sur le corps qui génèrent des tensions qui peuvent aller jusqu’au blocages des tissus et des zones environnantes. Dans ce cas, le corps a perdu sa capacité de s’autoréguler et les fascias se figent et s’immobilisent. C’est le point de départ d’un dysfonctionnement d’un organe, par exemple du système viscéral ou une douleur musculaire. C’est ce que l’on appelle la crispation des fascias.
Comment prendre soin de ses fascias au quotidien ?
C’est prendre soin de son intériorité car les fascias que l’on ne voit pas constitue notre architecture intérieure. Ce monde intérieur sous-tend notre état d’être, notre mental, nos émotions. Si tout cela est perturbé, on n’est pas bien dans notre corps et l’inverse est vrai aussi, bref, on n’est pas bien dans notre peau.
Prendre soin de soi, c’est déjà de se faire traiter par un fasciathérapeute pour découvrir comment on peut passer d’un état de mal-être à un état de bien-être tant physique que psychique, ce qui a été décrit par les patients traités. Les gens le ressentent à l’intérieur d’eux et ils ont envie de maintenir ensuite cet état de bien-être.
On peut utiliser aussi la gymnastique sensorielle qui est une gymnastique lente et douce où les mouvements sont relâchés, globaux. On essaie de se reconnecter avec cette globalité du corps et à partir de là les gens ressentent qu’ils peuvent prolonger les séances dans leurs gestes du quotidien. Et lorsqu’on est stressé, au lieu de faire appel au praticien, on va réaliser des mouvements lents, les yeux fermés, on essaie de ressentir les mouvements qui animent les fascias.
Comment peut-on ressentir les fascias ?
Les fascias sont innervés, ils ont une sensibilité, on appelle cela la proprioception. On peut être plus conscient de son corps. On s’aperçoit que la plupart des gens se perçoive peu ou pas. Le simple fait de faire des mouvements lents, on passe d’une sensation d’être à l’extérieur de son corps à une sensation d’intériorité et d’habiter son corps. On peut percevoir alors des zones plus tendues, d’autres plus relâchées et par des postures on peut changer l’état de tension de nos fascias. On perçoit progressivement le relâchement de cet étau qui enserre nos fascias, les adhérences, les crispations pour retrouver les sensations d’être plus en lien avec soi-même. Quand on perçoit son corps, on se sent mieux.
A qui s’adresse la fasciathérapie ?
A n’importe qui et à quel moment de la vie, on peut avoir besoin de la fasciathérapie et même avant la vie parce que l’on suit les femmes pendant la grossesse.
Quelques exemples de traitements de fasciathérapie
Pathologies musculaires, traumatismes comme les entorse, les lombalgies et le mal du dos en général « le mal du siècle », tout ce qui a trait a la colonne vertébrale…
L’action sur le fascia va avoir une propriété anti-inflammatoire, pour résorber l’œdème, la douleur, pour améliorer la cicatrisation des tissus et favoriser leur récupération. Le geste du fasciathérapeute reste physiologique car on se met en lien avec le mouvement du fascia et on le sollicite dans sa capacité à bouger, le geste ne va pas au-delà des limites physiologiques du corps. Notre objectif est de lui redonner sa mobilité et sa capacité initiale d’autorégulation, ce qui stimule sa cicatrisation.
Remboursement des soins de fasciathérapie ?
Les soins sont exercés hors convention donc non remboursés par la Sécurité Sociale. Ils ne sont pas prescrits par un médecin. Certaines mutuelles prennent en charge le remboursement.
Études faites sur l’efficacité de la fasciathérapie
C’est une approche complémentaire dans une dynamique intégrative, c’est à dire de considérer que la médecine conventionnelle et les médecines complémentaires sont complémentaires pour le meilleur soin du patient. Dans cette perspective, on a engagé un processus d’évaluation pour vérifier et comprendre l’utilité de la fasciathérapie. On a aujourd’hui un laboratoire qui permet de faire ce travail, on a des études qui ont été publiées sur l’anxiété, le stress, on met en place des études sur la lombalgie. On attache aussi une importance au recueil de témoignages des patients, la parole des patients est très importante pour comprendre pourquoi une thérapie est efficace.
Pour en savoir plus, aller sur le site Fascia France.fr et se procurer le livre de Christian Courraud : « Le fascia, le nouvel organe clé de votre santé. »
Cet article est la retransmission écrite d’une interview de Christian Courraud (fasciathérapeute et formateur principal de la fasciathérapie) et d’Anouk Serre (Présidente de Fascia France) réalisée le jeudi 31 octobre 2019 sur Radio France Bleue Puy de Dôme.