Notre subtil deuxième squelette
Sans eux, nous serions aussi mous et inconsistants qu’une poupée de chiffon. Ils représentent 25 à 30 % du volume de notre corps, ce qui est remarquable. Ils forment un maillage dense, cohérent et intelligent qui confère à l’ensemble une unité, une solidité et une stabilité.
Comme ces tissus sont élastiques, ils peuvent aussi bien s’allonger que raccourcir. Ces interconnexions à tous les niveaux du corps, que ce soit en superficie ou en profondeur, ont pour effet de former un ensemble de contraintes et de tractions capables de transmettre une force dans toutes les directions. Ces chaines myofasciales en traction gardent néanmoins le corps dans un équilibre tensionnel et une cohérence qui permet à l’ensemble de ne pas casser sous l’effet des contraintes exercées. Cette organisation singulière appelé tenségrité maintient le corps dans un système unifié, équilibré, rigide et stable.
Ainsi, l’anatomie est perçue comme un ensemble tensionnel où les fascias jouent le rôle de relais de ces tensions dans tous les plans. Nous sommes là face à une continuité anatomique et fonctionnelle qui est largement acceptée par la communauté scientifique. C’est en ce sens que la main du thérapeute perçoit des crispations et tensions qui ne sont pas uniquement musculaires mais également issues des fascias.
Les fascias, des enveloppes aux dons multiples
Cet ensemble unifié des fascias constitue un coffre-fort où s’accumulent tous les stress et les gardent en mémoire sous la forme de crispations et de tensions compensatoires. De la sorte, ils rendent compte de la vitalité de l’individu.
De même, ces structures forment un container renfermant tous les liquides du corps. Leur élasticité active jouent le rôle de pompe active pour drainer tous ces liquides, assurant ainsi une fonction importante dans les échanges métaboliques, tissulaires et cellulaires.
En plus de l’élasticité, les fascias ont un pouvoir contractile qui leur permet de se conduire comme des muscles et de répondre à des contraintes mécaniques. En adaptant leur tonus de façon autonome et sans intervention musculaire, il interviennent activement dans cet ensemble biomécanique.
Le niveau d’hydratation des fascias transforme leur consistance qui peut passer d’un état visqueux à un état plus ou moins liquide ou solide. Cet état modifié a des conséquences sur la mécanique musculaire, tendineuse et fasciale mais également sur la régulation dynamique et autonome de leur tonus.
Il a aussi été démontré les qualités sensibles (sensorielles) des fascias. Des terminaisons nerveuses et des capteurs sensoriels nous renseignent en temps réel sur la position de notre corps. Nous devons cette capacité à nous percevoir aux fascias qui sont ainsi l’organe le plus sensoriel du corps mais aussi le plus sensible à la douleur, bien plus que la peau ou les muscles.
Je ne peux passer sous silence le lien entre le tonus musculaire et le tonus psychique. Nous sommes là face à une architecture tonique psychique de la personne où les deux entités toniques fonctionnent ensemble et interagissent. Tout ces systèmes sont en lien avec la vie cellulaire, la communication entre les grands systèmes, la motricité et la vie cognitive et émotionnelle.
Une tension corporelle peut altérer le champ émotionnel et l’humeur. De nombreux patients témoignent de ces liens et de l’amélioration de leur psychisme après un soin de fasciathérapie et de la libération de leur tonus corporel.
Qui dit fascias dit mouvement
Palpable sous la main, la ‘dynamique contractile des fascias’ rend compte de la vie des tissus qui s’exprime sous la forme d’une force vitale autorégulatrice. Cette dynamique vitale pulse de façon rythmique dans des mouvements d’extension et de rétraction animant la matière en l’enroulant et en la déroulant. Bien sûr, il s’agit de mouvements infimes mais percevables avec une main entrainée.
La force vitale en mouvement analyse les informations sensorielles qu’elle reçoit du corps entier et perçues par les cinq sens. En retour, elle s’ajuste en temps réels aux évènements vécus hors de tout contrôle nerveux ou neuroendocrinien et envoie ses instructions de réglage et d’adaptation aux grands systèmes de l’organisme comme l’appareil cardiovasculaire, neurovégétatif ou neuroendocrinien. Cette dynamique vitale tissulaire possède une ‘conscience fondamentale autonome’ qui se révèle dans le secret de la matière et que le fasciathérapeute recherche dans son action salvatrice.
Le toucher sensible du fasciathérapeute pendant le soin
Si pour la médecine classique le corps est une mécanique complexe faite de grands systèmes à réparer, la fasciathérapie propose une démarche différente. L’énergie de vie qui circule dans les tissus du corps s’exprime par le mouvement. La maladie apparait dès que ce mouvement est ralenti voire bloqué. C’est tout l’enjeu du soin de fasciathérapie que d’aller dénicher dans la profondeur de la matière ces blocages du mouvement non révélés à la conscience de la personne. Cette perte de contact avec le mouvement est donc énergétique dans un premier temps. Comme on le ferait avec le balancier d’une pendule, le fasciathérapeute relance le mouvement pour réinstaller la puissance de vie dans les tissus. La particularité de cette approche thérapeutique est ce lien avec la matière et le psychisme où la guérison exige un lâcher prise du patient dans ses dimensions émotionnelle, physique et psychique.
‘J’en ai plein le dos’ décrit bien la souffrance d’une situation stressante vécue. Trop d’agressions répétées s’empilent et s’emmagasinent dans les tissus et ne permettent plus au corps de s’adapter librement. La fatigue, les douleurs et les blocages envahissent alors notre corps en plus de notre mal-être. Ce stress chronique finit pas fatiguer notre système immunitaire qui baisse en vigilance et en performance. C’est la porte ouverte aux infections et aux maladies.
Comment se déroule une séance type de fasciathérapie
Le toucher subtil du fasciathérapeute
Tout d’abord, la fasciathérapie ne se substitue pas au diagnostic médical. Les patients viennent avec leur histoire souvent après un parcours médical de santé, des documents à montrer et une demande plus ou moins précise. Les personnes s’allongent sur la table et reste habillés, les vêtements ne constituant pas une barrière à la perception de la main du thérapeute.
Puisque les fascias englobent tout le corps car constitués en réseau, on peut donc poser les mains partout sur le corps pour avoir une action. Le thérapeute pose les mains à plat sur le corps sur les zones à traiter pour capter les informations venues de l’intériorité du corps et évaluer la situation des lésions. Elles se caractérisent par des tensions, des douleurs, des blocages ou des immobilités. De la sorte, le thérapeute prend contact avec la vie intérieure des tissus et plus particulièrement des tensions fasciales. Ce toucher englobe dans le même geste la sphère tissulaire, énergétique et émotionnelle.
Ce toucher n’est pas un massage ni une manipulation mais il crée les conditions à l’intérieur du corps pour que celui-ci, sous l’effet du toucher, trouve sa propre réponse par la sollicitation de la force interne autorégulatrice car le corps est capable de s’autoréguler. La main du thérapeute crée des points d’appui dans le corps pour que ce dernier trouve des réponses à ces points d’appui et se régule de lui-même. La réponse vient de l’intérieur et elle n’est pas imposée par la main du praticien. Le geste du fasciathérapeute reste physiologique car il se met en lien avec le mouvement du fascia et le sollicite dans sa capacité à bouger, ce toucher ne va pas au-delà des limites physiologiques du corps.
L’objectif est de redonner la mobilité physiologique des structures immobilisées par les tensions fasciales mais également de restaurer la capacité initiale d’autorégulation, ce qui stimule la cicatrisation des tissus lésés. Pour cela, il capte la dynamique biologique des tissus et plus spécifiquement l’animation de la matière et des fascias. Cette action permet d’entrer en relation avec le mouvement interne et de le réactiver pour obtenir un assouplissement des tissus. En fonction de la réponse du corps au fur et à mesure de l’amélioration du relâchement des fascias, il va déplacer ses mains sur les différentes zones du corps où les perceptions des tensions fasciales sont repérées. Il n’est pas nécessaire de tracter fort les tissus pour avoir une réponse positive. Au départ, on regarde en priorité la zone douloureuse initiale mais on est amené à avoir une vision plus globale du problème car toutes les parties du corps sont connectées en réseau et donc concernées plus ou moins par le problème douloureux.
En fait, la phase de traitement des lésions organiques est simultanée à la phase de repérage et d’évaluation des problèmes à traiter. Le fasciathérapeute exécute des bilans lésionnels tissulaire, de la vitalité de la dynamique vitale car c’est la force qui va libérer les tissus.
Le toucher est agréable car très doux et ne crée aucune douleur supplémentaire. A noter que le toucher respecte toujours la demande du corps sans imposer sa propre énergie ou contrainte. Le lâcher prise au point d’appui signe l’amélioration de la situation par l’effondrement tissulaire qui s’en suit. Au niveau psychologique, cette libération montre l’acceptation entre la puissance de vie qui s’exprime dans les tissus et les freins s’y opposant. Les traitements n’ont pas toujours vocation à guérir mais parfois à simplement améliorer la qualité de vie face à des problèmes chroniques. Il est nécessaire dans ces cas de suivre des soins réguliers pour obtenir un bénéfice stable.
La gymnastique sensorielle
Il est possible également de proposer des mouvements, des exercices qui reproduisent le travail des mains du thérapeute dans le corps. Ce sont des exercices lents où on apprend à ressentir son corps, à mettre en mouvement les fascias en douceur. Cette gymnastique douce permet de maintenir un état d’harmonie des fascias et de lutter contre les troubles qui envahissent le quotidien, ce qui est bien utile quand on est stressé.
A retenir
Découvrir la vie à l’intérieur même des tissus en percevant en conscience sous les mains du fasciathérapeute les mouvements de son propre corps se révèle être une expérience fondatrice étonnante. Cette sensation d’intériorité en mouvement et d’habiter son corps offrent au patient une nouvelle conscience de lui-même et un bien-être renouvelé simultané à la libération des blocages du corps physique.
Cette nouvelle perception de soi et le bien-être qui l’accompagne donne envie aux patients traitée par cette méthode de chercher à maintenir cet état de bien-être. L’expérience du soin nous montre que la plupart des gens se perçoive peu ou pas du tout.
C’est pour cela que la gymnastique sensorielle a été mis en place pour retrouver ces sensations venues de la profondeur du corps. Cette gymnastique lente, douce et pratiquée dans le relâchement musculaire vient prolonger les bienfaits de la séance de fasciathérapie. C’est l’occasion de se reconnecter à soi, de se sentir plus en lien avec soi-même, en conscience, lorsqu’on se sent stressé ou mal dans sa peau moralement. Quand on perçoit son corps, on se sent mieux.
Les nombreux témoignages des patients attestent de l’efficacité de cette méthode qui vient en complément de la médecine traditionnelle.