Un rapport scientifique alerte sur la levée trop rapide des mesures du confinement en France. En effet, l’immunité collective étant loin d’être atteinte, le risque d’une deuxième vague pèse sur l’Hexagone.
Sur le plan sanitaire, la deuxième vague attendue
Pour éviter une deuxième vague de l’épidémie, le “niveau d’immunité nécessaire est estimé à 70 %. Nous sommes bien en dessous de ce chiffre” actuellement. L’autre inconnue, c’est le laps de temps pendant laquelle cette immunité individuelle et collective va perdurer. Pour le moment, les scientifiques disposent de trop peu de données pour avoir des certitudes. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a elle-même reconnu que la “proportion de personnes ayant été infectée [à l’échelle mondiale] était plus faible” que les prévisions initiales, rapporte le Financial Times. Ce qui signifie “qu’une grande partie de la population reste exposée – et que le virus peut à nouveau se propager”. Devant le constat que le virus va s’installer dans le temps, une autre difficulté se présente en France, il s’agit du défi des tests de dépistage. Pour le conseil scientifique sur lequel s’appuie le gouvernement, être en mesure de mesurer la propagation du Covid-19 est une condition indispensable à la réussite du déconfinement.
Sur le plan professionnel, entre soulagement et inquiétudes
La reprise du travail peut également générer un état de stress. Outre la réadaptation professionnelle, certains vont avoir peur de se faire contaminer par leur collègue. On va se demander par exemple s’il n’est pas asymptomatique. La vie de bureau ne sera pas la même une fois le confinement levé. La ministre a fait deux recommandations importantes sur le sujet. Et ce pour deux raisons : pour respecter plus facilement les gestes barrière au sein de l’entreprise, mais aussi pour respecter la distanciation physique dans les transports. “L’accès aux transports en commun va être une question clé du rythme de la reprise. Et c’est là où on voit la complexité de la reprise et du déconfinement, tout est lié : le travail, les transports, l’école en partie, l’ouverture de certains services publics…”, a reconnu Muriel Pénicaud. On imagine le climat d’insécurité et d’inquiétude dans lequel chacun va reprendre ses activités professionnelles. Comment envisager un retour serein au travail et se remettre dans le bain après deux mois d’arrêt ? Il y aura une phase d’adaptation nécessaire pour retrouver les rythmes et l’organisation des activités.
Sur le plan personnel, la peur et l’insécurité
Sous cloche depuis plusieurs semaines, la France entamera son processus de déconfinement le 11 mai prochain. Un retour progressif à la vie normale qui ne sera pas sans conséquences psychologiques. Il y aura un grand climat de peur car le virus circulera toujours. Quand le confinement sera levé, on va être amené à croiser plus de monde, que ce soit au travail, ou dans les transports en communs, où il est particulièrement difficile de respecter les règles de distanciation sociale. Il faut s’attendre à une augmentation des angoisses à commencer par celle de se faire contaminer. On ne peut pas se dire, si j’attrape cette maladie, je prends tel traitement pour guérir car il n’y a pas de traitement à ce jour, ce qui multiplie les peurs, les angoisses et les phobies.
Cette « imprévisibilité », liés au déconfinement va être l’émotion complexe que l’on va éprouver vis-à-vis des autorités. On n’est pas sûr de pouvoir leur faire confiance. Ce qui est difficile pour la plupart des gens c’est de savoir si le déconfinement est justifié en termes de sécurité, et si les autorités ont bien tous les éléments pour prendre les décisions. Le déconfinement de la population va entraîner un vécu d’insécurité, mêlée à de la colère.
Le déconfinement va engendrer des comportements excessifs. N’importe quelle situation de surcharge émotionnelle pourra entraîner de l’impulsivité ou de l’agressivité. Ces comportements sont utilisés comme vidange émotionnelle ou comme réaction de protection de type instinct de survie. Par exemple, si quelqu’un éternue trop près de nous alors qu’on fait la queue dans un supermarché, on peut se sentir agressé et en danger car on soupçonne la personne d’être porteuse du coronavirus. On peut alors réagir de manière excessive. Gardons à l’esprit que le risque zéro n’existe pas mais il n’existait pas déjà avant cette crise.
Le confinement : déclic d’un changement de vie ?
La « trêve » imposée par le confinement a agi comme un puissant révélateur des insatisfactions de leur vie d’avant, et leur a permis d’impulser un changement.
Le confinement nous aura transformés, fait mûrir, fait réfléchir, même sans nous en apercevoir. Il aura fallu le confinement pour que nous réalisions à quel point nous étions emprisonnés dans notre quotidien. Des désirs émergent, des refus s’imposent, et des phases de concrétisation vont se mettre en oeuvre à l’issue du confinement avec des questions de fond comme : quelles sont mes aspirations ? Qu’est-ce que j’aime faire, quels sont mes vrais talents ? Qu’est-ce que j’ai envie d’apporter aux autres ? Quel sens nouveau je peux donner à mon travail ? Ces questions vont émerger tôt ou tard et certains ne voudront pas repartir au travail comme avant. Ces questions sont d’autant plus fortes quand on a côtoyé la peur de la maladie, la peur de la mort, la peur de la perte.
Comment travailler autrement, trouver un équilibre de vie entre la famille et le travail, avec une plus grande facilité de gérer son temps ? Le confinement nous a donné l’occasion de faire ce que nous n’avions pas le temps de faire ou que nous repoussions sans cesse faute de temps. Avoir du temps pour soi est devenu une richesse, un enjeu de vie qui vaut parfois plus que l’argent.
Ceux qui réussiront leur reconversion auront en commun la détermination, la foi, la conviction, le souci de transformer leur rêve en réalité. Ils ne laisseront pas leurs peurs diriger leur vie. Leurs peurs serviront peut-être à aiguillonner leur projet mais n’effaceront pas leurs rêves. Faisons très attention à nos peurs, ce sont de mauvaises conseillères.